Le 15 aout – date historique pour le Congo
La plupart des congolais se rappellent de la date du 15 aout seulement comme la date de l’indépendance survenue en 1960. Mais il faudrait noter que le 15 août reste pour le Congo une date emblématique aussi par ce qu’elle marque pour l’année 1963 la démission du père de l’indépendance le président Fulbert Youssou.
Arrivé au pouvoir par un sursaut révolutionnaire et lui qui était acclamé par la population et adulé pour sa carrure a été obligé de céder par cette même population qui criait disant
« Les ministres vivent comme des rois, mais nous, nous n’avons pas travaillé depuis six mois ni mangé depuis trois jours ! »
Extrait de la démission du président Youlou le 15 Août 1963 :
Les manifestants se heurtèrent aux premiers barrages de la police devant le pénitencier de Brazzaville. Ils le franchirent, pénétrèrent dans le bâtiment et libérèrent tous les détenus parmi lesquels des dirigeants syndicalistes arrêtés la veille. Plusieurs maisons de membres du gouvernement et celle de la mère de Youlou furent incendiées. En deux jours, le président prit trois fois la parole à Radio Congo; la dernière il annonça que le projet de parti unique était remis à une date ultérieure. Le 15 août la foule s’amassa devant le palais présidentiel, hurlant « Youlou, démission ». L’armée qui jusqu’alors n’avait fait que maintenir l’ordre se décida à intervenir pour éviter une effusion de sang. Elle somma le président de s’en aller. II sortit sur le perron et annonça sa décision ; il embrassa les membres de son cabinet puis il se mit à la disposition de l’armée. Auparavant il avait téléphoné à Colombey : « Mon général, je suis forcé de démissionner. »
A l’intérieur du palais, dans un climat de kermesse, un drame se jouait : revêtu de sa soutane blanche, le président venait de signer sa lettre de démission. II découvrait sa solitude. Dehors, c’était la fête : les hommes se donnaient de grandes tapes dans le dos, levaient les bras en signe de victoire, comme il y a trois ans, le jour de l’indépendance. Seule différence, le héros de la fête, ce n’était plus lui. II voulut se confesser. Les soldats et les gendarmes casqués qu’il avait tant de fois passés en revue, refusèrent de laisser entrer l’évêque- coadjuteur Bemba. Un moment, il craignit pour sa vie, puis il se rassura : la révolution était débonnaire. Il avait soif et il demanda une bouteille de bière. Le chef de la police, en personne, la lui apporta.
La suite sur Démission de Youlou , envoyé spécial de Paris Match !