Les présidents de la République du Congo Brazzaville de 1958 à 2025

La déclaration de la république du Congo a eu lieu le 28 novembre 1958 à Pointe Noire à 11h30 par l’adoption de la Délibération 112-58 par tous les parlementaires (avec seulement 2 abstentions – Réf Journal Officiel de la République du Congo du 28 novembre 1958). Bien qu’il ait eut plusieurs intérims entre les changements de régimes et les coup d’états, à ce jour la république du Congo n’a connu que six présidents de la république.  Nous avons au Congo Brazzaville la particularité de n’avoir à ce jour aucun ancien président de la république vivant. Deux sont morts et enterrés avec honneur, un exécuté le 25 mars 1977, un autre assassiné le 18 mars 1977 tant disque le prédécesseur du président actuel repose en paix loin de la terre de ses ancêtres.

Cet article sans être exhaustif ou sans avoir la prétention de tout dire sur les hommes qui ont dirigé notre pays, est un condensé d’information pour emmener les lecteurs à découvrir ceux qui ont posé les pierres de ce que nous appelons Congo aujourd’hui au plus haut sommet de la vie politique de notre pays. C’est donc une présentation des six président qui ont dirigé le Congo de 1958 à 2025. Il est évident que nous n’avons pris dans ce cas que des personnes ayant exercé la fonction de chef de l’état et président de la république de la façon la plus légale possible. Ainsi les intérimaires ne sont pas sur cette liste, comme l’illustre Alfred Raoul. Il est le chef de l’état par intérim entre le président Alphonse MASSAMBA-DEBAT et le président Marien NGOUABI du 5 septembre 1968 – 1er janvier 1969 (3 mois et 27 jours).

Le président Dénis SASSOU NGUESSO : (13 + 28 soit 41 ans)  

L’homme d’édou, l’enfant de maman MOUEBARA comme l’appelle affectueusement ses proches, le général d’armée et président de la république du Congo encore à ce jour est né le 23 novembre 1943. Il devient président pour la première fois après un parcours politico-militaire singulier et un rapprochement audacieux des cercles du pouvoir du temps du monopartisme en 1979 en prenant la tête du dit parti ; le Parti Congolais du Travail.

Un poste qu’il va réussir à conserver jusqu’en 1992 avant de le perdre à l’arrivée du multipartisme face au professeur pascal LISSOUBA. 5 ans après, soit le 25 octobre 1997 il va réussir à revenir au pouvoir après trois mois de guerre civile.

A 82 an aujourd’hui, le président Dénis SASSOU NGUESSO est président de la république du Congo sans interruption depuis 28 années, pour un total de 41 années à la tête de la nation congolaise. 

Le président Pascal LISSOUBA : ( ± 5 ans )

Né le 15 novembre 1931, le professeur Pascal LISSOUBA est officiellement président de la république du Congo du 31 août 1992 au 25 octobre 1997.  Il arrive au pourvoir après la conférence dite nationale, acte par excellence pour faire rentrer le Congo dans l’ère du multipartisme. Il est dans ce sens le fondateur du parti qui le propulse à la tête de l’Etat, l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (UPADS) en juillet 1991.

De tous les présidents de la République du Congo, le professeur pascal LISSOUBA est celui qui détient un parcours académique le plus éloquent à ce jour. Baccalauréat à Nice en France en 1952 ; ingénieur agronome en 1956 puis docteur en science et maitre de conférence en biologie végétale en 1961, pour le Congo de moins de 2 500 000 habitant de son époque c’est remarquable.

Après la perte du pouvoir par la guerre civile, l’exil part de Dolisie en passant par le Gabon, le Burkina puis Londres avant de poser les valises pour le dernier voyage en France. C’est le 24 août 2020 que le président Pascal LISSOUBA tire sa révérence dans le sud de la France, à Perpignan où son corps fut inhumé le 31 du même mois.

Le président Joachim YHOMBI-OPANGO : ( ± 2 ans )

Né le 14 janvier à OWANDO, le Général de brigade Joachim YHOMBI OPANGO devient officiellement président de la république du Congo en ce temps république populaire du Congo le 6 avril 1977. Il est encore colonel en ces temps-là et est président du comité militaire du parti unique, PCT. Fonction qu’il va perdre à la réinstauration du comité central du parti le 5 février 1979.  

Cet ancien enfant de troupe (1954 – 1957) va servir l’Afrique avant de servir le Congo sous le président MASSAMBA DEBAT. D’abord commandant de la 1^ère Compagnie en 1963, Chef de cabinet militaire du président en 1965 et attaché militaire à Moscou en 1966. Puis revenu au pays à l’accession au pouvoir du capitaine Marien NGOUABI, il va successivement être commandant du bataillon para-commando en août 1968, chef d’état-major général en septembre 1969 (élevé au grade de commandant). Il repose en paix depuis le 30 mars 2020.

Le président Marien NGOUABI : ( ± 9 ans )

Né le 31 décembre 1938 dans le district d’Owando, il est le premier des deux présidents que cette région ait donné à la République du Congo. Scolarisé à 9 ans, il obtient son CEPE 6 ans après et se présente pour le concours de l’école militaire préparatoire générale Leclerc (EMPGL). Sergent après l’école de cadet il travaille en RCA et au Cameroun avant d’être renvoyé au Congo pour complicité et désobéissance car il avait pris parti pour la population du Cameroun contre ses supérieurs (les colons séparatiste). Certaines sources disent qu’il fait la prison en 1960 à son retour avant d’être libéré à l’accession à l’indépendance du Congo. C’est en septembre de la même année qu’il partit en formation en France pour devenir officier.

 Ainsi, plus précisément au retour de la France en 1962, il commence finalement sa carrière, au Congo après une formation d’officier au grade de sous-lieutenant. Il occupe successivement les fonctions d’adjoint au commandant du bataillon d’infanterie à Pointe Noire, puis promu lieutenant en 1963, il devient capitaine et commandant du tout nouveau bataillon parachutiste des forces armées congolaises de retour à Brazzaville en 1965. En 1966 en devenant membre du Comité central du Mouvement National de la Révolution (MNR), le parti unique il commence effectivement les activités politico-militaires et est nommé commandant le 1er octobre 1968.

C’est donc le 31 décembre 1968 que le président MASSAMBA débat est contraint de démissionner pour lui céder le pouvoir qu’il gardera près de 9 ans après sa prestation de serment du 01 janvier 1969. Un pouvoir qu’il va imposer avec beaucoup de difficulté vu le nombre de coup d’état auquel il va échapper pendant sa mandature. Finalement ils auront raison de lui le 18 mars 1977, il sera assassiné en fonction.

Le président MASSAMBA DEBAT : ( ± 5 ans )

Le district de BOKO est rentré dans l’histoire indélébile de la république du Congo par le don à la nation d’un homme d’état sans égal, né en février vers 1921 à NKOLO. Du 15 août 1963, au 5 septembre 1968 ; le président Alphonse MASSAMBA-DEBAT conduit la destinée du Congo suite à la démission du président Fulbert YOULOU. Il est considéré par plusieurs comme l’homme propre, un politique d’exception ayant une vision qui marque le quotidien des congolais jusqu’à ce jour.

L’homme de BOKO est en fait né à NKOLO. Il découvre BOKO pour ses études primaires avant de rendre à Brazzaville pour suivre une formation d’instituteur. Pendant la deuxième guerre mondiale, il enseigne au Tchad avant de revenir en fin 1948 comme directeur de l’école de Mossendjo jusqu’en 1953 puis à Mindouli jusqu’à 1956. La même année pourtant membre auparavant du PPC de Jean Felix TCHICAYA, il quitte pour intégrer l’UDDIA de Fulbert YOULOU.  C’est alors qu’il rejoint Brazzaville comme enseignant à l’école laïque de Bas-Congo en 1957. En 1959 il va successivement être nommé directeur de cabinet au ministère de l’éducation nationale puis élu président de l’assemblée nationale jusqu’en 1961. C’est alors qu’il devient ministre du plan et de l’équipement, poste qu’il quittera en mai 1963.

Les contestations et manifestations débouchant aux trois glorieuses feront de lui président de la république du Congo.  Fonction qu’il assumera avec dignité et humilité jusqu’au 4 septembre 1968, date qu’il démissionnera pour des raisons de bon sens. Consulté de façon continue par son successeur, leurs sorts vont être liés. Il va mourir exécuté le 25 mars 1977, soit six jours après l’assassina du président Marien NGOUABI.   

Le président Fulbert YOULOU : ( ± 6 ans )

De Madibou à Madrid, l’abbé Fulbert YOULOU eut un voyage sur terre qui le conduisit à la tête de la nation congolaise après un parcours d’église alors qu’elle n’était encore qu’un embryon. Il a été à la première heure de la création de notre forme étatique telle que nous la connaissons aujourd’hui. Né le 9 juin 1917 et mort le 5 mai 1972, il a conduit la destinée de notre pays pendant 6 années dont deux en tant que premier ministre et 4 autres en tant que président de la république du Congo.

Avant d’être politique, l’état Congo voit ses premières heures avec un homme d’église ayant une vision démocratique libérale. Baptisé à 9 ans où il reçoit le prénom de Fulbert, il va ensuite faire son entrée au séminaire en 1929 à Brazzaville avant de partir pour terminer son secondaire à AKONO au Cameroun. Il revient à Brazzaville comme enseignant au séminaire de MBAMOU avant d’aller pour Libreville pour terminer ses études de théologie. C’est finalement le 9 juin 1946, Fulbert Youlou est ordonné prêtre[6]. Il est affecté à la paroisse Saint-François de Brazzaville où, très dynamique, il dirige les diverses organisations de jeunesse, d’activités sportives et d’œuvres catholiques.

En effet, il avait commencé sa carrière politique par un échec cuisant aux élections territoriales de 1947 dans la circonscription du pool. En 1955 il est candidat à la législature face à  Jean Félix-TCHICAYA  et Jacques OPANGAULT. Le 2 janvier 1956 un peu d’agitation est observée mais une semaine après les résultats sont sans appels. Il est respectivement troisième mais avec un score très serré. Le 17 mai 1956 il crée son parti l’Union démocratique de défense des intérêts africains (UDDIA) et devient majoritaire puis le 18 novembre il remporte la mairie de Brazzaville.  Ainsi entre les tractations politiques internes et la volonté manifeste des colons de garder le contrôle, il parvient à s’imposer comme premier ministre le 08 décembre 1958. Le 21 novembre 1959 l’abbé Fulbert YOULOU est officiellement élut président de la République du Congo. C’est le tout premier président de la nouvelle république.