Le 10 juin 1991-10 juin 2022 : Le Congo Brazzaville commémore ses 31ans de démocratie
Le 10 juin 1991 s’achevait la Conférence Nationale Souveraine au palais de congrès de Brazzaville par une cérémonie de pardon traduite par un geste symbolique : le lavement des mains. Cette Conférence nationale souveraine qui s‘est tenue du 25 février au 10 Juin 1991 a mis en relief le rôle joué par plusieurs acteurs sociaux, syndicats de travailleurs, société civile (associations et ONG de jeunes, de femmes), l’armée, les églises et mouvements religieux pour le passage du pays du monopartisme au multipartisme.
Dans le contexte de crise socio-économique généralisée que traversait le Congo dans les années 90, l’idée de la convocation d’une conférence nationale souveraine apparaissait aux yeux de la population et de certains acteurs politiques comme une solution aux différentes crises. La volonté affichée de passage du monopartisme au multipartisme, de l’instauration d’un Etat de droit et d’une démocratie pluraliste venait de plusieurs directions aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti unique. Les travaux de cette conférence nationale ont été présidés par Monseigneur Ernest KOMBO avec l’approbation du Vatican. Son choix unanime témoignait de la confiance (neutralité dans la lutte pour le pouvoir) et de la bonne réputation dont jouissait l’institution catholique dans le pays, au moment où le climat politique était propice à la paix et à la sécurité des personnes.
Après le débat de procédure qui a débouché sur l’affirmation de son caractère souverain, la Conférence nationale a dressé un bilan négatif de la situation politique, économique, sociale et culturelle; notamment dans la dénonciation des biens mal acquis, des assassinats politiques, les détournements des biens publics. Cette grande concertation politique, lieu de dialogue et de prises de décision sur les questions d’intérêt national, jette les bases de l’édification d’un État de droit. La journée nationale de la réconciliation traduite par la cérémonie de lavement des mains du 10 juin 1991, synonyme de se débarrasser des impuretés et rester propres. C’est sur cela qu’il faille prendre appui pour avancer, approfondir la démocratie et surtout planter, dans les esprits et les actes des congolais, l’application et le respect des textes que les congolais se dotent. D’où le dialogue, la tolérance, le consensus et la non-violence doivent constituer le substrat d’un mieux vivre ensemble autrement dit la fondation de l’unité nationale
La période de Transition qui commence le 11 Juin 1991 jusqu’au 31 Août 1992 marque aussi bien le début de la « démocratisation » que celui de la mise à l’épreuve de la citoyenneté face à la bipolarisation de la vie politique congolaise. D’un côté, l’Alliance Nationale pour la Démocratie (AND au sein duquel se trouvent Pascal Lissouba et ses partisans) et le Parti Congolais du Travail (PCT) dont son président Denis Sassou-Nguesso, est aussi Président de la République mais, dépouillé de ses fonctions au profit du Premier Ministre André Milongo.
Du Bénin au Zaïre (actuelle RDC), en passant par le Gabon et la Côte d’Ivoire, des « conférences nationales » ouvertes aux opposants ont tenté d’écrire les règles du multipartisme. Un an après la fin de la conférence le 10 juin 1991, le président Denis Sassou Nguesso était battu par Pascal Lissouba aux élections de 1992.
La promotion de la démocratie, la lutte contre la corruption, la réconciliation nationale était entre autres valeurs prônées par la conférence nationale. En 31 ans de démocratie, le Congo a connu beaucoup de crises, la république est à l’école de la démocratie. La cérémonie de lavement des mains du 10 juin 1991, a permis effectivement la réconciliation des filles et fils du Congo, entre les acteurs majeurs de la politique pour exhorter les uns et les autres à la compréhension mutuelle et à la tolérance. Même si les avis peuvent différer sur les résultats, les acquis de la Conférence Nationale Souveraine sont encore palpables. Les garder et les renforcer restent le défis des générations actuelles; les autres ayant prouvées leurs limites.
Le 10 juin, un jour férié en République du Congo marque la fête de la commémoration de la Conférence nationale souveraine.