Les grands groupes africains face à la conséquence de la guerre en Ukraine ? Cas de Elsewedy Electric
La guerre en Ukraine, un autre défi pour les entreprises africaines. Malgré un marché dominé par les importations et un commerce inter-état faible dans le continent, il y a des géants africains qui exportent et qui eux aussi subissent les conséquences directes de cette guerre d’Ukraine. Comment se portent ils face à ce double gros choc, quel est l’état d’esprit du top management africain et comment se projettent ils pour rester dans la compétition mondiale ? Eléments de réponses avec monsieur Ahmed El SEWEDY président directeur de la société Elsewedy Electric.
Nous avons après lecture décidé de vous partager cette interview réalisée par l’équipe d’Africa Report pour la pertinence du contenu partagé d’un homme d’expérience né d’une famille d’entrepreneurs. Les boutiques du quartier qui deviennent des entreprises de notoriété internationale sont des modèles qui manquent en Afrique et surtout au Congo. L’appât du gain facile et le sentiment de sécurité freine le développement des pays africains notamment le Congo. En dehors des crises internes des pays, chaque entrepreneur depuis son pays doit faire face selon son époque à des défis majeurs et mondiaux. C’est la capacité à gérer ses crises qui font des hommes forts des hommes exceptionnels. A peine sorti de la Covid-19, avec les grands défis en investissements, voici comment le PDG d’Elsewedy Electric répond aux questions d’actualités.
The Africa Report : Comment comptez-vous contenir les effets de la guerre en Ukraine sur vos activités commerciales ?
Ahmed El Sewedy : Cette guerre affecte nos prix, notamment en ce qui concerne la logistique et la chaîne d’approvisionnement. Mais nous avons l’habitude de gérer des cas de force majeure depuis deux ou trois décennies, nous savons absorber ce genre de choc. Sur le marché local égyptien, où nous réalisons 50 % de notre chiffre d’affaires, nous transférons le différentiel de coût sur nos clients. Par ailleurs, nous opérons dans 50 pays et exportons vers 110 destinations, c’est pourquoi je pense que la dévaluation de la livre égyptienne joue en notre faveur. Une monnaie plus faible signifie que nos produits sont proposés aux importateurs à de meilleurs prix, ce qui nous permet de rester compétitifs au niveau mondial et d’améliorer nos marges d’exportation.
Comment gérez vous les risques sur les marchés africains, souvent menacés par des perturbations politiques et macro-économiques ?
Nous travaillons en Afrique depuis plus de 30 ans. Y a-t-il des risques ? Oui, bien sûr, mais nous assurons presque tout avant de commencer à travailler, y compris les projets et le transport maritime. Nous sommes habitués à travailler comme ça et nous n’avons rencontré aucun problème au cours des deux dernières années. Nous avons beaucoup de projets au Burkina Faso, où le président a été remplacé [par un coup d’État militaire en janvier]. Toutefois, en ce qui concerne nos activités là-bas, rien n’a changé.
Elsewedy Electric a enregistré un bénéfice net de 186,7 millions de dollars au cours de l’exercice 2021, soit une augmentation de 16,7 % en glissement annuel. Les bénéfices du premier trimestre 2022 ont également augmenté de 9 %. La guerre en Ukraine aura-t-elle un impact sur votre rentabilité ?
Nous avons deux ans de projets devant nous, ce qui fait que je suis très optimiste. Je pense que nous ne serons pas touchés tant que ça. Cela peut affecter les marges, mais à part ça, je suis très confiant quant à nos performances pour cette année et la suivante.
Le gouvernement égyptien cherche à faciliter les affaires. Ces efforts ont-ils stimulé vos activités locales ?
Le président et le gouvernement égyptiens s’efforcent d’attirer les investissements étrangers directs dans tous les secteurs et de stimuler les exportations. Ils nous accordent des privilèges fiscaux et facilitent les autorisations nécessaires. Tout cela fera une grande différence au cours des deux prochaines années.
Elsewedy Electric est une société égyptienne qui totalise aujourd’hui 92 ans d’existence. De marchand local de matériels électriques, elle est aujourd’hui un fabricant de matériels coté en bourse en Egypte et crée des emplois partout en Afrique. Elsewedy Electric est présente sur tout le continent, elle gère notamment des installations au Ghana, au Nigeria, en Tanzanie, en Algérie, en Éthiopie, en Zambie, en Angola, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et à Madagascar. Lire l’intégralité de l’interview en cliquant sur Ahmed El Sewedy : « Malgré les crises, l’Afrique reste une terre d’opportunités pour investir »