Meurtre de Anne Félicité Massamba DEBAT élucidé
Le 14 juin 2023 la population de Brazzaville et le Congo tout entier s’est réveillé avec une nouvelle effroyable. On venait d’annoncer la mort par assassinat de madame Anne Félicité MASSAMBA DEBAT survenu dans la soirée du 13, fille du défunt président Alphonse MASSAMBA DEBAT lui aussi mort par assassinat depuis le 25 mars 1977. Une nouvelle qui a fait froid dans le dos et qui a interpelé les services de sécurités. Il fallait faire la lumière sur ce nouvel assassinat. C’est désormais chose faite. Aujourd’hui le meurtre de Anne Félicité est élucidé et un coupable déjà aux arrêts tant disque les autres sont en fuite. Récit des évènements par Cyr Armel YABBAT-NGO de la semaine africaine.
Le 6 octobre dernier, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Brazzaville, André OKO NGAKALA, est descendu sur les lieux du crime, la résidence familiale des MASSAMBA-DEBAT, située à Bacongo, non loin de l’ancien ne faculté des sciences. Pour procéder à la reconstitution des faits, en présence du général de police de deuxième classe Jean-François NDENGUE, commandant des forces de police et du général de police de première classe André OBAMI ITOU, commandant en second des forces de police.
Par cette capture, la vérité sur l’assassinat d’Anne Félicité MASSAMBA-DEBAT est désormais connue, ainsi que le mode opératoire utilisé par les malfrats pour commettre leur forfait. « C’est l’occasion de féliciter le commandement des forces de police qui a mis tout en œuvre pour rechercher et identifier les coupables de crime d’assassinat de Mme Anne Félicité Massamba-Débat», s’est réjoui André Oko Ngakala, A l’arrivée du cortège au domicile familial, tout le dispositif sécuritaire était en place. Les vendeurs, les acheteurs et passants amassés le long de l’avenue de l’OUA, à hauteur de la station d’essence du marché Total, jusqu’au niveau de la CAPPED, étaient impatients de connaître la vérité. Aucun membre de la famille n’était présent, ni les deux sœurs de la défunte.
Bruno Ayekia, l’un des trois auteurs de ce crime s’est expliqué sur la manière dont ils ont commis leur forfait. Un scénario, minutieusement préparé et commandité par « maman Coucou », sœur cadette de la défunte, alors que sur les réseaux sociaux, les commentaires sur sa mort sont allés dans tous les sens. «Bien que le dossier soit déjà à l’instruction, nous avons jugé de revenir reconstituer les faits», a précisé le procureur de la République. Le récit est plutôt scabreux et troublant. Vêtu d’un pantalon jean bleu et d’un tee-shirt noir, Bruno Ayekia, menottes aux poignets, a relaté comment ils ont procédé.
De nationalité centrafricaine, Bruno Ayekia est arrivé au Congo comme réfugié. Peintre, il était souvent appelé chez les Massamba-Débat pour réaliser quelques travaux de peinture au domicile familial. Le jour du crime, il avait reçu un appel de «maman Coucou» lui demandant de trouver des gens, parce qu’«il y avait un travail à réaliser». L’intéressé prit donc attache avec deux jeunes, un peintre et un maçon, tous de nationalité congolaise. Recrutés, ils n’imaginaient pas la cruauté de celle qu’ils appellent affectueusement «maman Coucou» qui leur a exposé son projet machiavélique à la prise de contact.
«Ma sœur va recevoir de l’argent aujourd’hui pour réaliser les travaux dans l’autre parcelle. Vous devez aller cambrioler la maison et la tuer », a déclaré Bruno Ayekia, citant «maman Coucou». «Je lui ai dit que je ne pouvais pas faire ça, mais elle a insisté, jusqu’à nous dire qu’elle ne s’entendait pas avec sa sœur. Il n’y a que chez elle qu’on envoie de l’argent. Et elle commençait à la prendre comme une ménagère. Voilà pourquoi, elle voulait la tuer », a-t-il indiqué. «Si vous réussissez à le faire, vous serez à l’aise. Je vous donnerai tout ce que vous allez exiger. Ne craignez rien, je vais vous protéger », leur avait-elle promis, tout en leur indiquant le mode opératoire du crime.
« Elle m’a appelé au téléphone pour me signaler qu’elle est déjà sortie de la maison, en me disant : si vous arrivez, le portail sera fermé. Faites-le mur et vous trouverez la clé de la maison sous l’un des bidons placés sur la véranda de la cuisine. C’est ce qui fut fait. Nous avons pris la clé et on a ouvert la porte, tout en prenant la machette qu’elle avait laissée là où étaient les balais. Nous sommes allés dans la chambre où dormait sa grande sœur. Réveillée par nos pas, elle s’est mise à crier «voleurs, «voleurs». C’est à cet instant là que l’un de nous qui avait la machette (l’autre peintre), la lui a flanquée sur la tête.
Morte, le maçon l’a violée. Nous avons pris l’argent qui était placé dans le placard et nous sommes allés rejoindre ”maman Coucou” qui nous attendait dans la boutique, située au carrefour de la CAPPED. Quand nous sommes arrivés, elle est sortie dans l’autre porte et nous sommes allés nous mettre debout non loin de là. La première chose qu’elle a demandé, c’est l’argent. Ensuite, si nous avons tué sa sœur. Nous avons répondu oui. Elle nous a demandé de ne pas paniquer et qu’on ne devrait pas l’appeler. Elle a promis nous protéger et faire de nous des hommes riches», a révélé Bruno Ayekia qui avait substilisé l’un des deux téléphones de la défunte qu’il a vendu à un jeune que la police a fini par arrêter.
Anne Félicité Massamba-Debat avait 64 ans. Elle avait été pasteure de l’Eglise évangélique luthérienne de France de 2000 à 2005, puis Secrétaire exécutive du pôle animation théologique à la Cevaa de 2005 à 2007. Elle y avait notamment animé « la caravane des femmes pour la paix », qui reste dans la mémoire de nombreuses Eglises comme une aventure riche spirituellement et humainement.
La suite de l’affaire à découvrir dans le numéro N°4198 de la semaine africaine !